«Je ne savais pas que les enfants avaient failli se faire tuer dans le volume précédent.Quand j'ai appris que c'était Pépère qui avait fait le coup, j'ai pigé un truc:qui ne connaît pas Pépère ne sait pas de quoi l'être humain est capable.»Benjamin Malaussène
Au coeur de l'Allemagne, l'International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d'investigation. Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu'elle élève seule depuis son divorce d'avec son mari allemand.
A l'automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d'objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé... Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent. Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l'Argentine. Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?
Le bureau d'éclaircissement des destins, c'est le fil qui unit ces trajectoires individuelles à la mémoire collective de l'Europe. Une fresque brillamment composée, d'une grande intensité émotionnelle, où Gaëlle Nohant donne toute la puissance de son talent.
Walter Benjamin, l'un des plus grands mythes intellectuels du vingtième siècle, est toujours parmi nous. Un groupuscule d'extrême gauche porte son nom et réalise des actions militantes énigmatiques, tandis qu'un poète se suicide à la BNF à la suite d'une conférence sur le penseur. Alertés par cette mort étrange, trois spécialistes de Benjamin se lancent à la recherche de son dernier manuscrit. Le trio nous entraîne dans une enquête vertigineuse, véritable labyrinthe de fragments, où à chaque nouvelle page se dessine un peu plus la figure de Walter Benjamin.Roman polyphonique virtuose, Le vingtième siècle donne à penser notre contemporanéité de manière singulière et originale, et à relire l'histoire du siècle passé comme celui dont Benjamin aurait été le héros.
De nos jours, à Hambourg. Paul, écrivain à succès, apprend la disparition de son grand-père, Viktor. Sidéré, il découvre alors que de lourds secrets le relient à un officier SS complice de Josef Mengele à Auschwitz.
Dans le Berlin des années 1940, Viktor a vu sa soeur Vera enfermée au château de Sonnenstein. C'est le lieu du programme Aktion T4, visant à « débarrasser » le Troisième Reich de ses Aryens « déficients ».
Derrière le petit-fils, l'écrivain surgit bientôt. Et si son grand-père et ce passé brumeux devenaient le sujet de son prochain livre ?
Le roman de Paul raconte l'histoire de Viktor, du Hambourg de 1947 à aujourd'hui, en passant par le Ghana des années 1960. L'auteur découvre Horst Schumann, ce criminel nazi qui castrait les hommes et stérilisait les femmes à Auschwitz, resté impuni et pourtant recherché par le Mossad. Pourquoi sa traque a-t-elle échoué ? De quelles complicités a-t-il pu bénéficier ?
Tour à tour roman flamboyant, enquête historique, thriller haletant et roman d'amour, ce texte dénonce, éclaire et émeut.
En 1984, Vladimir est convoqué dans les bureaux de la police soviétique pour une banale affaire de marché noir. Il pensait en ressortir quelques minutes plus tard, son amende acquittée, mais c'était compter sans les mystérieuses méthodes du KGB. Quelques années plus tard, cette affaire qu'il croit derrière lui le rattrape de façon inattendue, bouleversant sa vie à jamais.Vladimir n'est pourtant pas au bout de ses surprises. En 2018, il est contacté par un certain David Kapovitch, New-Yorkais d'origine russe. La ressemblance entre les deux hommes est troublante. Pourraient-ils avoir un lien de parenté ? Leurs destins vont en tout cas se mêler, pour le meilleur comme pour le pire.Empruntant aux codes du thriller, Le numéro un tend un redoutable miroir à la société russe contemporaine qui n'a rien à envier à celle de l'ère soviétique. Le nouveau roman de Mikhaïl Chevelev mêle enquête politique et interrogation sur la filiation, tenant en haleine jusqu'à la toute dernière page.
Qui est Jacqueline, celle que Blaise Pascal aimait le plus au monde, si méconnue et si essentielle dans la vie et l'oeuvre de son génie de frère ? Lui mathématicien, elle poétesse, lui austère, elle charmante, lui dans la lumière, elle dans l'effacement.Ces deux-là sont frère et soeur et forment un couple. Deux êtres exceptionnels s'aiment et se déchirent. Elle le veut parfait, il cède au divertissement. Elle le veut croyant pas savant, il pense que l'on peut être croyant et savant.C'était une âme forte, un sacré tempérament et pourtant soumise. Elle soignera sans relâche ce frère en perpétuel défi contre lui-même, renoncera aux dons qui ont fait l'admiration de Corneille et Richelieu. Le grand Siècle pèse sur la destinée des femmes.Blaise ne pouvait pas se passer d'elle, elle ne pouvait pas se passer de Dieu. Christine Orban lève le voile sur cette relation ardente, fusionnelle, conflictuelle et en tire un récit follement romanesque.
Etienne rentre de vacances avec sa famille parfaite et son apparent bien-être. Sa vie est confortable, routinière. Il mène une vie normale, c'est l'essentiel.
Quand soudain, on annonce à la radio la mort de Jean-Jacques Goldman.
Avec cet adieu au totem et au ciment des classes moyennes, Aurélien Delsaux tire à vue sur notre époque, et il la touche en plein coeur.
Le kaddish est l'une des prières de deuil que les juifs récitent plusieurs fois par jour. Il a pour objet, non pas la mort, mais le futur et la sanctification du nom divin. Il n'existe pas de kaddish pour l'amour - alors une femme l'écrit pour l'homme dont elle est séparée.Dans Kaddish pour un amour, celle qui aime cherche l'aimé dans l'absolu de sa présence. La langue est ciselée, épurée, témoin de la fragilité du sentiment amoureux.Ce splendide recueil, habité par un souffle mystique, renoue avec une tradition poétique hébraïque trois fois millénaire et offre une prière universelle pour le retour de l'être aimé.
Un voyage irrésistible au coeur du Sri Lanka d'aujourd'hui, de sa violence et de ses beautés, en compagnie d'une jeunesse partagée entre son désir de vivre et son devoir de mémoire.
De retour à Colombo, au Sri Lanka, après avoir étudié à New Delhi, le jeune Krishan tente d'aider les habitants de son pays traumatisé par la guerre civile en travaillant pour une ONG locale. Conscient des effets limités de son action, il décide de se rendre tout au nord de l'île pour rendre hommage à Rani, la femme qui prenait soin de sa grand-mère depuis deux ans et que l'on vient de retrouver morte au fond d'un puits. Une fin tragique et énigmatique pour celle qui ne s'était jamais remise de la disparition brutale de ses deux fils. Hanté par ce personnage, Krishan est également poursuivi par le souvenir d'Anjum, la jeune femme avec laquelle il a vécu un amour passionné, et qui a repris contact avec lui le jour de l'annonce de la mort de Rani. Dans un phrasé ample qui agence à la perfection considérations sensibles et philosophiques, Anuk Arudpragasam brosse le portrait d'une jeunesse tiraillée entre son désir de vivre, son devoir de mémoire et la nécessité de la révolte.
«ÇA POURRAIT FAIRE UN PEU MAL. SOYEZ COURAGEUX.»C'est la Saint-Valentin sur l'île de Terre-Neuve, dans le nord du Canada. Les blizzards sont le quotidien des insulaires, mais celui qui menace aujourd'hui est d'une violence rare. À l'intérieur du restaurant Hazel, c'est une autre tempête qui se prépare. Iris, jeune serveuse, redoute de croiser le regard de son chef à l'emprise malsaine, son collègue Damian cache sa nuit de défonce comme il peut tandis qu'Olive, qui ne devrait pas être là, cherche un peu de chaleur. Tous sont sur le fil, près d'exploser, et entre deux coupures de courant, la vérité pourrait poindre et tout écraser sur son passage.Avec ce roman choral qui interroge non sans férocité la masculinité toxique et la difficile intégration au sein d'une communauté fermée, Megan Gail Coles s'est fait une place de choix au sein du cercle des écrivains nord-américains qui comptent.
«Le zombie, bien sûr, c'est mon Nicolas qui se tient au centre du cercle de la cour du rocher, à genoux, courbé, rachitique, sa colonne dessinant un z, tordue comme le dos flagellé d'un martyr, semblant servir de paratonnerre à l'orage qui tarde à venir, à la colère de l'internat, sa république d'enfants cruels.Mon Nicolas avec sa morphologie bizarre, dérangeante, exposée aux yeux de tous, créature qu'on pensait éteinte, disparue dans les forêts de Lituanie et de Pologne avec les golems et les dibbouks.»Automne 1989. Après l'accident de voiture qui a coûté la vie à sa mère, un collégien en perte de repères intègre avec son petit frère un pensionnat pour familles riches, perché sur les flancs d'une montagne. Plus rien ne sera comme avant.Entre éclairs de tendresse et débordements de cruauté, ce roman singulier et mélancolique est une chronique bouleversante de l'adolescence.
De quoi parle Partout les autres ?
D'amours inaccomplies.
De folie destructrice.
De lieux chéris.
De violences qui laissent de marbre.
De cleptomanie, d'un rat philosophe et de noyaux de cerises.
Ici, l'humanité accepte sa complexité et son imperfection.
Elle se montre comme on se regarde dans la glace, comme on s'écoute dans le noir. Sans manières ni faux-semblants.
David Thomas est l'auteur de plusieurs romans et recueils d'instantanés,parmi lesquels La Patience des buffles sous la pluie, Un silence de clairière, Le poids du monde est amour. Son dernier recueil, Seul entouré de chiens qui mordent (L'Olivier, 2021), a reçu le prix de la Nouvelle de l'Académie française.
Dans le jardin de la péninsule flottent suspendues les étoffes teintes par Sawa :
Pour chaque pièce de tissu qu'elle doit teindre, il lui faut être attentive au vrai visage des plantes et écouter leur voix pour faire faire surgir des plus humbles plantes les couleurs les plus vives. Dans son atelier débordant de feuilles, de branches et de couleurs de teintures végétales, elle doit faire naître cette couleur intérieure invisible qui respire secrètement au fond des plantes ; pour insuffler ensuite la vie à chaque pièce de tissu. Elle lui permettra de calmer les remous de son coeur et l'infinie tristesse qui la domine au souvenir du départ de son mari ; elle lui donnera enfin la force de se réconcilier avec elle-même et avec son passé.
1977. Californie du Nord. Rich est de ces bûcherons qui travaillent au sommet des arbres. C'est un métier dangereux, dont son père et son grand-père sont morts. Il veut une vie meilleure pour sa femme Colleen et son fils Chub. Pour cela, il a investi en secret toutes leurs économies dans un lot de séquoias pluricentenaires. Mais lorsque Colleen, qui veut avoir un deuxième enfant malgré de précédentes fausses couches, se met à dénoncer la compagnie d'abattage pour l'usage d'herbicides responsable selon elle de nombreuses malformations chez les enfants, le conflit s'invite au coeur de leur couple. Un premier roman âpre et dense.
Lorsque son père part vivre sa retraite au Maroc, épouse une femme aussi jeune qu'elle, se convertit à l'islam et annonce qu'il la déshérite, Carina, la « fille préférée » sombre dans la douleur. Qui est véritablement ce père ? Quelles colères enfouies est-il en train de faire ressurgir ?
Il est des romans écrits par urgence vitale. Tempêtes et brouillards est de ceux-là. Hanté par la figure du Roi Lear, entremêlant souvenirs à vifs, conversations, réflexions sur l'héritage, l'amour filial, les gestes post-coloniaux qui s'ignorent, l'écriture et le pardon, il traverse la noirceur et la brûlure vers la réappropriation de soi. Porté par une écriture incantatoire, un suspense intime, il signe la profession de foi d'une écrivaine.
Deux amis d'enfance cabossés par la vie se lancent sur les grandes étendues islandaises à la recherche des sentiments perdus. L'un d'eux s'est évadé d'un hôpital psychiatrique, déclenchant le courroux d'une infirmière psychopathe lancée à leurs trousses... Portrait touchant de la dépression, travelogue rocambolesque et critique acerbe d'un monde en perdition, le roman de Bergsveinn Birgisson, aussi poétique que politique, est une célébration de la solidarité et de l'amitié.
La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l'érable, mais elle n'entre pas dans la maison. Elle n'y entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l'après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c'est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu'elle a de la chance avec la lumière d'octobre, la cour de la maison, l'érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu'à elle dans l'air chaud et bleu.
Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec la mère et le père. La ferme est isolée de tous.
Dotant un professeur de philo d'un stoïcisme féroce et joyeux, Fernando Aramburu donne à voir les vicissitudes d'un homme, apparemment sans qualités, qui entend mettre un terme à cette comédie tragique qu'est la vie. Pendant 365 jours, il consigne invariablement et sans filtre aucun les faits saillants de son existence : les rêves débridés et les petites misères d'un homme un peu dépassé par la marche du monde mais à la mauvaise foi inébranlable !
« Elle sort de la forêt seule sur son cheval. Âgée de dix-sept ans, dans la froide bruine de mars, Marie, qui vient de France ».
Que disent les livres d'histoire sur Marie de France ? Qu'elle est la première femme de lettres à écrire en français. Pourtant, sa vie reste un mystère. Matrix lève le voile sur ce destin hors du commun.
Expulsée de la cour par Aliénor d'Aquitaine, la « bâtarde au sang royal » est contrainte à l'exil dans une abbaye d'Angleterre. Loin de la détruire, cette mise à l'écart suscite chez elle une révélation : elle se vouera dès lors à la poursuite de ses idéaux, à sa passion du texte et des mots. Dans un monde abîmé par la violence, elle incarne la pureté, transcendant les obstacles grâce à la sororité.
Moderne, frondeuse et habitée par une grande puissance créative, Marie de France devient l'héroïne absolue, le symbole des luttes d'émancipation bien avant que le mot « féminisme » existe.